Diffusion du biogaz au Sénégal : une coopération durable entre Lille et Saint-Louis

Description détaillée de la Solution

Le biogaz issu de la décomposition et de la fermentation des déchets organiques (aussi appelé méthanisation), se produit  naturellement (dans les marais), ou spontanément dans les décharges contenant des déchets organiques, mais on peut également le provoquer artificiellement dans des digesteurs. L’énergie du biogaz provient du méthane. La récupération du biogaz produit par les décharges est doublement intéressante car le méthane libéré dans l’atmosphère est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone (CO₂) produit par la combustion du biogaz.

Le contexte

Le Sénégal est l’un des pays subsahariens affectés par le déficit énergétique. Ce problème ralentit la croissance économique des territoires et menace la durabilité des écosystèmes. Le bois représente 87% de la consommation en énergie des ménages. On estime qu’environ 40 000 hectares de forêt disparaissent chaque année au Sénégal et plus de 5 400 décès par an sont imputables à l’utilisation d’énergie telle que le bois ou le charbon.

Dans ce contexte, le ministère Sénégalais de l’Énergie et du Développement des Énergies Renouvelables a lancé le Programme National de Biogaz domestique du Sénégal, pour la diffusion de la technique de construction de biodigesteurs au profit des ménages ruraux.

A son niveau, la ville de Saint-Louis, dans le cadre de son programme « Saint-Louis objectif 2030 » s’inscrit dans une démarche innovante de développement durable pour servir de modèle aux autres villes africaines de la région. Elle a ainsi récemment mis en place un Cadre de Concertation Communal pour la promotion, l’articulation et la coordination des interventions en faveur des énergies renouvelables.

Très tôt, l’adaptation au changement climatique est devenue un axe prioritaire des programmes de coopération, en raison de la situation géographique de Saint-Louis.

Amadou Mansour FAYE, maire de Saint-Louis et Martine Aubry, maire de Lille et Vice-présidente au rayonnement de la Métropole Européenne de Lille, ont défini leurs axes prioritaires autour de la lutte contre le changement climatique et le traitement des déchets. C’est à ce titre que les collectivités s’impliquent dans la diffusion du procédé biogaz.

La solution

Le projet vise à diffuser le procédé de biogaz à Saint-Louis à travers les activités suivantes :

– L’instauration d’un comité local de suivi porté par la Commune de Saint-Louis, l’Agence de Développement Communal et les partenaires techniques.

– La réalisation d’infrastructures biogaz (vingt cuves) dans différents sites de Saint-Louis (ménages individuels, structures collectives et opérateurs économiques) et la formation des usagers à leur utilisation.

– La formation de maçons et de groupements d’intérêts économiques locaux pour répondre à la future demande locale, en lien avec des acteurs économiques du Nord-Pas de Calais.

– La sensibilisation et communication autour de cette énergie renouvelable pour stimuler la demande locale.

– La Capitalisation et la Recherche action sur l’optimisation des procédés biogaz en partenariat avec l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Les enjeux de la diffusion du biogaz

1) Valoriser les déchets organiques des populations, dont le stockage est source de nuisance olfactive.

2) Réduire le déficit énergétique des populations tout en contribuant à préserver les écosystèmes fragiles (mangrove notamment).

3) Valoriser le biodigestat issu de la production de biogaz et les eaux résiduaires dans les exploitations maraîchères et agricoles procurant ainsi des revenus complémentaires pour les opérateurs.

4) Développer une filière économique locale autour de la construction d’infrastructures de biogaz (transfert d’expertise et de savoir-faire).

Date de lancement

Les ménages proches des abattoirs de Saint-Louis sont d’ores et déjà raccordés. Le comité de suivi du projet à Saint-Louis a été créé. Les formations auprès des maçons saint-louisiens ont été réalisées ainsi que les études préalables permettant la construction des cuves dès l’automne 2015.

L’association Le Partenariat, association lilloise présente à Saint-Louis depuis 1981, a déjà mis en place des unités de biogaz expérimentales entre 2010 et 2014. Elles sont installées au Centre d’Initiation Horticole et aux abattoirs de Saint-Louis. Dans ces derniers, une unité collective de 50 m3 y est alimentée à partir des déchets des abattoirs et permet déjà d’alimenter quatre ménages raccordés. Cette installation a fait l’objet d’une Etude d’Impact Environnemental et Social aux résultats positifs.

Partenaires de la solution

Points de vigilance pour le déploiement de la Solution

Chiffres clés illustrant le déploiement et les résultats de cette Solution

Performances, impacts et résultats

Environnementaux
réduction de la consommation de bois de chauffage et préservation de la mangrove à Saint-Louis. Utilisation d’une énergie durable : 1m3 de biogaz équivaut à 2kg de charbon et 6kg de bois et son utilisation limite les risques d’augmentation de prix, ni de rupture de stock. La haute valeur fertilisante du compost produit par l’effluent du biodisgesteur augmente aussi nettement les rendements agricoles.

Sociaux/sociétaux
accès des ménages à l’énergie biogaz facilité. Diminution de la facture énergétique et donc baisse de la précarité énergétique : une fois l’investissement réalisé, l’énergie produite est pour ainsi dire gratuite si on exclut le temps de travail nécessaire au remplissage/vidange. L’investissement représente environ un budget de 760 euros avec une durée de vie de plus de 30 ans.

Economiques
développement d’une filière maçonnerie autour de la construction de cuves de biogaz. Mise en relations des acteurs économiques et universitaires travaillant sur la méthanisation en Nord-Pas de Calais et au Sénégal

Techniques
le projet prévoit certes la construction de cuves, mais surtout un ensemble d’actions périphériques qui permettront, d’une part de s’assurer de leur bonne utilisation (comité de suivi, formation, communication, sensibilisation), et d’autre part de développer l’expertise (activités de recherche-action) sur une technologie de production d’énergie tout à fait innovante aussi bien au Sénégal qu’en Nord-Pas de Calais.

Résultats tangibles dès aujourd'hui
Les ménages proches des abattoirs de Saint-Louis sont d’ores et déjà raccordés. Le comité de suivi du projet à Saint-Louis a été créé. Les formations auprès des maçons saint-louisiens ont été réalisées ainsi que les études préalables permettant la construction des cuves dès l’automne 2015.

Résultats tangibles à horizons moyen et long terme
- Une stratégie et un dispositif de suivi pour la filière Biogaz sont mis en place et pilotés par la commune de Saint-Louis, ce qui permet d’assurer la pérennisation du projet et la mise en place d’une filière économique de production du Biogaz à Saint-Louis. - Les bénéficiaires sont sensibilisés à l’intérêt de l’utilisation du biogaz. Leur budget consacré à l’énergie domestique diminue de 15%. - Les bénéficiaires réduisent leur consommation de bois et de charbon. - Le Laboratoire universitaire s’approprie de la technologie biogaz et a l’opportunité de la dupliquer dans les autres sections universitaires ; - L’UFR Agronomie de l’Université Gaston Berger développe la recherche-action sur les bio-effluents des biodigesteurs ; - Les étudiants sont sensibilisés au procédé biogaz. - Les restaurants universitaires ont désormais l’opportunité de valoriser les restes d’aliments (déchets organiques) et économisent sur les cuissons des repas - Les femmes transformatrices de poisson sont conscientes de l’utilité des cuves biogaz pour leur activité. - La population a connaissance du procédé biogaz et comprend son utilité. Certaines personnes s’informent pour l’installation d’une cuve individuelle pour leur propre usage. - Des filières universitaires lilloises et de la région Nord-Pas de Calais échangent avec l’Université saint-louisienne Gaston Berger autour de la technologie biogaz. Il en est de même pour les entreprises.