Concilier amélioration de la qualité du service public de l’éclairage pour les habitants et les usagers, efficacité (en particulier, diminution des consommations électriques), réduction des émissions de gaz à effet de serre et lutte contre les nuisances lumineuses. C’est l’ambition affichée par la ville de Lille dans sa politique d’éclairage. Pour cela, la municipalité a, sur la base de sa définition des besoins, conclu un marché global performantiel pour l’éclairage public. Ce marché fixe entre autres des objectifs chiffrés de réduction des consommations énergétiques et des gaz à effet de serre et recourt aux énergies renouvelables. Il englobe l’éclairage public, les mises en lumière du patrimoine, les illuminations festives de fin d’année et l’éclairage des installations sportives extérieures.
Description détaillée de la Solution
En France, dans le budget d’une commune, l’éclairage public représente en moyenne 23 % de la facture globale d’énergie et 38 % de la facture d’électricité (enquête ADEME). Agir sur l’éclairage public apparaît donc indispensable pour limiter les dépenses énergétiques et ainsi l’impact des collectivités sur le climat et l’environnement. Sur la base du Plan climat lillois, la ville de Lille mène une politique visant à un éclairage public performant d’un point de vue du service rendu ainsi qu’en termes de maîtrise des dépenses énergétiques et d’impacts sur l’environnement, notamment dans la lutte contre les nuisances lumineuses.
Le levier majeur de cette politique d’éclairage consiste à Recourir à un marché public performantiel. Afin d’atteindre une performance intéressante, un tel contrat doit s’étaler sur plusieurs années, 6 ans semblant un minimum. Il s’agit d’obtenir, dans le cadre d’un dialogue compétitif, des objectifs chiffrés à atteindre chaque année au cours du marché. Les objectifs de performance sont fixés en amont par la collectivité et peuvent concerner tant l’énergie (diminution des consommations électriques, des puissances installées, des émissions de gaz à effet de serre; production d’énergie renouvelable) que la maintenance (performance en termes de taux de panne, de taux de vétusté, de photométrie).
La collectivité confie au prestataire la réalisation d’un projet global, avec obligation de résultats, et non plus de moyens. Le prestataire est donc libre, dans le respect des prescriptions de la collectivité imposées au marché, de choisir les techniques et équipements qui lui permettront d’atteindre les résultats sur lesquels il s’est engagé à l’issue du dialogue compétitif. L’amélioration de l’efficacité énergétique constituant un des principes essentiels du contrat de performance énergétique signé avec la ville. Le versement d’une partie de la rémunération du titulaire peut par ailleurs être fonction de l’atteinte de la performance. La ville de Lille a fixé cette part variable à 10% sur les postes énergie et maintenance.
Le nouveau marché performantiel d’éclairage de la ville de Lille (2013-2019) permet ainsi de poursuivre les efforts, déjà engagés lors du précédent marché, sur la réduction des consommations électriques. L’objectif est d’atteindre -21% de consommation d’énergie fin 2019 par rapport à 2013 (sur la base du périmètre de 2013).
Eclairer juste
Le plan lumière lillois prévoit un important effort sur l’amélioration de l’ambiance nocturne, en adéquation avec la norme européenne d’éclairage EN 13-201. Renouvellement du patrimoine vétuste, réorganisation de l’éclairage sur la ville en prenant mieux en compte les différents contextes et recours à une technologie innovante et performante sont les principales mesures qui permettent d’optimiser l’éclairage urbain en maintenant la qualité de service rendu aux habitants.
- Optimisation du nombre d’heures de fonctionnement de l’éclairage public, des mises en lumière et des illuminations festives, en s’adaptant au plus près à l’usage. Exemples : mise en place de programmateurs sur l’ensemble des mises en lumière, permettant d’adapter les durées d’allumage en fonction de leur importance (extinction à minuit au plus tard. Les mises en lumière les moins importantes ne sont par exemple plus allumées en semaine en été) ; optimisation des horaires d’allumage et d’extinction de l’éclairage public ; régimes particuliers pour les luminaires d’appoint (feux arrières) ou situés dans des espaces fermés à partir d’une certaine heure,
- Renforcer l’éclairage où et quand cela est nécessaire (quelques actions programmées à Lille : sorties d’écoles et de stations de métro, certains passages piétons non protégés par une signalisation lumineuse, pistes cyclables nécessitant une installation spécifique, mais aussi renforcements ponctuels décidés en concertation avec les quartiers).
- De manière générale, réduire les sur-éclairements. Par exemple, en installant des appareillages permettant une programmation très fine de la puissance ainsi que la gradation de l’éclairage en milieu de nuit.
- Mettre en œuvre des luminaires efficaces et recyclables, tant dans le cadre du renouvellement du patrimoine vétuste que de la création d’installations nouvelles,
- Création ou renouvellement d’une trentaine de mises en valeur par la lumière de patrimoine bâti et d’espaces publics au moyen d’installations performantes, adaptées et durables.
- Installation de la télésurveillance dans les armoires d’éclairage pour suivre les consommations électriques, détecter les défauts ou les pannes et intervenir plus efficacement.
Recourir aux énergies renouvelables
Acheter de l’énergie issue de ressources renouvelables, et produire de l’énergie renouvelable (photovoltaïque) :
- Achat d’électricité 100% garantie d’origine renouvelable pour l’éclairage public
- Installation de panneaux photovoltaïques avec revente de l’électricité produite (Exemple : 680 m2 de panneaux photovoltaïques sur la toiture de la Halle de Glisse = production de 91 MWh annuels d’énergie renouvelable)
Poursuivre la coopération avec Saint-Louis du Sénégal, ville jumelée.
Via un audit de l’éclairage public de Saint-Louis, des transferts de compétences, la fourniture de petit équipement, la réalisation de travaux… Cette coopération, engagée au cours du précédent marché avait par exemple permis l’envoi de 400 luminaires afin d’améliorer l’efficacité de l’éclairage de Saint-Louis.
Lutter contre les nuisances lumineuses
Outre la poursuite de la lutte contre les nuisances liées à la lumière intrusive (dans les habitations) ou envoyée directement vers le ciel, des travaux sont prévus en lien avec l’accompagnement de la trame noire urbaine. Il s’agit de mettre en œuvre des installations adaptées, en particulier sur le secteur du parc de la Citadelle de Lille, afin de faciliter la circulation des espèces au niveau du canal de la Deûle, corridor biologique identifié dans la trame verte et bleue métropolitaine.
Date de lancement
Réalisation engagée depuis1er octobre 2004
Projet en cours avec première expérimentation depuisPremier marché performantiel d’octobre 2004 à septembre 2013. Second marché performantiel d’octobre 2013 à septembre 2019
Points de vigilance pour le déploiement de la Solution
La conduite et le suivi d’un dialogue compétitif permettant d’aboutir à un contrat global de performance énergétique est exigeante, tant pour la collectivité que pour les candidats, longue (1 an ½) et complexe (analyses, échanges cadrés, auditions, cadre réglementaire contraint).
En outre, un certain nombre de pré-requis et compétences sont nécessaires :
- Connaissance minimale de l’état du parc, permettant de prioriser les objectifs ;
- Bon niveau d’expertise, tant technique que juridique et financière (procédure menée en interne) ;
- Implication d’un nombre conséquent d’acteurs en amont (comité de pilotage, définition des besoins) et au cours de la procédure (services partenaires tels que développement durable, parcs et jardins) ;
Ce type de marché nécessite un suivi rigoureux et techniquement adapté. En effet, la collectivité doit rester en mesure de contrôler l’atteinte des engagements et la conformité des réalisations.
La réussite du projet n’est possible que dans la mesure où le titulaire du marché est conscient de son implication au service du public (obligation de résultats, non de moyens). Il faut enfin avoir conscience que le budget d’investissement nécessaire pour un tel marché est relativement conséquent, dans la mesure où les investissements programmés et réalisés sont le levier principal permettant d’obtenir la performance dans la durée.
Chiffres clés illustrant le déploiement et les résultats de cette Solution
Bénéficiaire : la collectivité.
Les économies d’énergie conduisent à des non dépenses.
Globalement, entre 2005 et 2019, la non dépense sur l’énergie alimentant l’éclairage public est estimée à 14,5 M€. Elle est la conséquence d’un investissement de 40 M€ sur 15 ans, visant à réaliser des économies d’énergies tout en améliorant le service et la pérennité du parc d’éclairage et de mise en lumière.
À horizon 2020, le coût de fonctionnement de l’éclairage public de la ville de Lille sera inférieur d’environ 1,6 M€ à ce qu’il aurait été si la ville n’avait pas agi sur la performance depuis 2004 (environ 3,1 M€ au lieu de 4,7 M€). Ce, grâce aux économies d’énergie, mais aussi à l’atteinte et au maintien d’un faible taux de vétusté des installations (des installations vétustes coutent plus cher à entretenir). Néanmoins, compte tenu de l’augmentation d’environ 100% du prix de l’énergie entre 2004 et 2020, le budget énergie de 2020 sera du même ordre de grandeur que celui de 2004.
Performances, impacts et résultats
Environnementaux
lutte contre les nuisances lumineuses, réduction des émissions de gaz à effet de serre
Sociaux/sociétaux
Amélioration du service, de la qualité de la lumière et du cadre de vie (création d’une identité lumière du territoire), diminution des nuisances lumineuses. Traçabilité des interventions (gestion de la maintenance assistée par ordinateur, télésurveillance à l’armoire), permettant une gestion optimisée et une meilleure réactivité en cas de panne (taux de panne faible, délais d’intervention courts). Enfin, l’insertion faisait partie intégrante de l’analyse de la performance en termes de développement durable. Le titulaire s’est engagé sur 25000 heures d’insertion sur la durée du marché.
Economiques
Non dépenses en énergie et maîtrise du budget de fonctionnement. À l’horizon 2020, la Collectivité dépensera au moins 1,6 M€ de moins pour faire fonctionner son éclairage public que ce qu’elle dépenserait en cas d’inaction depuis 2005 (estimation à 3,1 M€ au lieu de 4,7). La mise en place d’une solution de ce type permet, pour un service performant et de qualité, de donner une place prépondérante à l’investissement, en particulier en termes budgétaires (sur le marché 2013-2019 : énergie = 20% du coût ; entretien dépannage = 23% du coût ; investissement = 57% du coût). Donner une telle place à l’investissement permet de mieux maîtriser les coûts de fonctionnement et d’enclencher un cercle vertueux d’amélioration de la qualité et de maîtrise des budgets. Il faut néanmoins que la collectivité soit en mesure d’assumer sur une durée conséquente un investissement relativement important. D’autant que la maîtrise du budget de fonctionnement ne signifie pas nécessairement sa diminution. L’augmentation du coût de l’électricité en est une illustration sur laquelle les collectivités n’ont pas de maîtrise. Par contre, elles doivent être en mesure de maîtriser l’augmentation du nombre de points lumineux engendrée par des projets urbains.
Techniques
Maîtrise du taux de vétusté, optimisation du fonctionnement, connaissance optimale des installations (base de données, télésurveillance à l’armoire)
Résultats tangibles dès aujourd'hui
En incluant les installations additionnelles, liées aux projets menés en dehors du marché performantiel, les consommations électriques de l’éclairage public de Lille ont été de -41% en 2014 par rapport à 2004.
Résultats tangibles à horizons moyen et long terme
50% d’économies d’énergie en 2019 par rapport à 2004, maîtrise des coûts de maintenance par un taux de vétusté réduit.
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Contact professionnel
Service éclairage public de la ville de Lille
Mairie de Lille