Depuis 2000, l’Association la Voûte Nubienne (AVN) travaille afin de répondre à la problématique massive de l’habitat en Afrique de l’Ouest, à travers son programme « Un Toit, Un Métier, Un Marché », favorisant un développement économique local et permettant ainsi une transition énergétique pour une économie verte du bâtiment en Afrique. Le programme a ainsi débuté au Burkina Faso, puis s’est étendu au Mali (2007), au Sénégal (2010), au Bénin et au Ghana (2015).
Description détaillée de la Solution
L’habitat : une problématique majeure
Alors que le secteur du bâtiment dans son ensemble est le premier émetteur mondial de gaz à effets de serre et que les conséquences du changement climatique (désertification, inondations, etc.) affectent d’abord les habitations des populations, AVN est la seule organisation à proposer sur le secteur constructif en Afrique un programme international efficace qui concourt à la fois aux objectifs d’atténuation et d’adaptation du changement climatique, tout en assurant des co-bénéfices sociaux, écologiques, culturels et économiques importants.
En effet, la technique VN, n’utilisant ni ressources ligneuses ni matériaux manufacturés et transportés, diminue considérablement l’empreinte carbone du secteur de la construction. Inscrit dans une économie locale, le concept apporte un confort thermique, acoustique et d’usage très important en terme d’adaptation et un potentiel d’atténuation très important des émissions qui seront générées par les générations futures (réduction des émissions liés à la climatisation).
La solution Voûte Nubienne
Depuis 2000, l’Association la Voûte Nubienne (AVN) initie, contrôle et développe le marché de la Voûte Nubienne (VN), technique de construction ancestrale n’utilisant que des matériaux locaux (principalement de la terre). Cette architecture permet la réalisation de maisons solides et durables, offrant confort thermique, acoustique et esthétique, tout en étant adaptée aux économies locales. La Voûte Nubienne pallie le manque de ressources ligneuses (bois, paille), et évite la production et le transport de matériaux importés à fort contenu carbone (tôle, ciment, acier), contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Cette alternative répond donc de façon pertinente, à la problématique cruciale de l’habitat en Afrique et aux besoins de progrès sociétaux des populations des régions subsahariennes : amélioration du confort et de la salubrité, renforcement des économies et savoir-faire locaux, éco-construction et adaptation aux changements climatiques comme aux réalités environnementales.
Pour renverser durablement la problématique de l’Habitat en Afrique Sahélo-Soudanaise, le défi relevé par AVN et ses partenaires depuis une quinzaine d’années est de diffuser à grande échelle le concept technique VN pour permettre son appropriation par les populations locales afin de favoriser la croissance du marché VN et l’émergence d’une filière d’artisans maçons et d’entreprises capables de former des apprentis, directement sur les chantiers, dans une logique de compagnonnage.
La formule choisie : un TOIT + un MÉTIER + un MARCHE s’inscrit dans une méthodologie d’amorce de cette filière d’acteurs d’un habitat de qualité. Outre cette méthode orientée sur l’amorce du marché, des activités pilotes sont menées afin de valider de nouvelles pratiques (formation dynamisée, crédit-habitat, R&D architecturale et technique, bâtiments communautaires, appui à l’inclusion de la VN dans le marché formel, etc.), en vue de permettre l’émergence d’une filière d’habitat adapté.
Des résultats croissants et pérennes
AVN propose à la fois une alternative architecturale adaptée et une méthodologie de déploiement à grande échelle basée sur l’émergence du marché de cette proposition technique. Le programme AVN s’étend au Burkina Faso, Sénégal, Mali, Bénin et Ghana. A ce jour, plus de 1500 chantiers ont été construits par 400 maçons et 300 apprentis, au bénéfice d’environ 20,000 personnes. La croissance annuelle du marché est supérieure à 30%. Le programme privilégie les populations en zone rurale (cœur de cible) mais se tourne aussi vers celles vivant en milieu urbain.
Les qualités de confort thermique, d’architecture et de durabilité du concept VN attirent une part grandissante de la population sahélo-soudanaise. Les perspectives d’AVN sont orientées vers le déploiement du marché de la VN sur de nouvelles régions et pays, tout en se retirant progressivement des territoires où le marché sera amorcé.
Une reconnaissance internationale
AVN est distinguée dans le monde à la fois pour ses capacités techniques, sa méthode d’amorce du marché, et surtout son impact environnemental, entre autres : Lauréat de My Positive Impact de la Fondation Nicolas Hulot en 2015, Prix Lighthouse Activities Momentum for Change de l’UNFCCC dans la catégorie « Urban Poor » en 2014, Prix des 100 innovations pour un développement durable 2013 de l’AFD et du MAEDI, Prix International de la ville de Dubaï des meilleures réalisations pour l’amélioration du cadre de vie en 2013 (en partenariat avec UN Habitat), Prix de la Fondation Schwab au World Economic Forum en 2012, World Bank Development Marketplace Competition en 2009, Tech Awards en 2007 (catégorie développement économique).
Date de lancement
Réalisation engagée depuisNovembre 2000 (date de création de l’association)
Projet en cours avec première expérimentation depuis1998 (premiers tests techniques effectués au Burkina Faso)
Partenaires de la solution
AVN travaille avec trois types de partenaires pour le déploiement de son programme en Afrique de l’Ouest : des partenaires opérationnels, techniques et institutionnels
Partenariats opérationnels : Il s’agit d’acteurs de la société civile (OCB, groupements, associations locales, etc.) qui chacun, au regard de leur position et de leur déploiement, de leur histoire et de leur réseau, ainsi que de leur capacité et de leur intérêt sont mis à contribution, dans différents modes opératoires, pour soutenir le travail d’émergence et de croissance du marché d’AVN. Suivant les différentes spécificités de ces partenaires et dans un travail de réflexion collaborative, plusieurs moyens d’action sont mis en œuvre dans le cadre de ces partenariats (actions de sensibilisation, construction de bâtiments, implication sur la formation professionnelle, capitalisation des expériences acquises, etc.). La force de ces partenariats de terrain réside dans le lien fort entre ces acteurs de terrain et les populations bénéficiaires dont elles sont issues et par là, la capacité de dynamisation du programme au cœur des communautés.
Partenariats techniques : Il s’agit d’acteurs de la société civile (nationale et/ou internationale) qui peuvent jouer des rôles essentiels dans des modes opératoires complémentaires. Sans être directement issus de la méthodologie de vulgarisation d’AVN, ils viennent renforcer l’émergence et la croissance du marché VN : institutions de microfinance, centres de formation professionnelle, ONG travaillant sur des problématiques dans lesquelles les questions de construction ont une place importante (santé, éducation, agriculture, etc.), opérateurs de coopération accompagnant les acteurs institutionnels, faitières de groupements d’artisans ou de cultivateurs, etc.
Partenariats institutionnels : Les ambitions du programme d’AVN ne peuvent s’envisager sans l’implication forte et concertée des acteurs institutionnels des pays. AVN, par un travail de plaidoyer, de propositions, de contractualisation et d’accompagnement, se doit « d’emmener » ces acteurs incontournables dans des dynamiques collaboratives permettant l’émergence et la croissance de la filière d’un habitat adapté. Ces acteurs sont concernés tant sur les questions d’habitat que sur les questions d’économie locale, de formation professionnelle, d’impacts environnementaux et climatiques, leurs besoins en construction institutionnelle et/ou communautaire servant évidemment le programme (exemplarité, formation).
Points de vigilance pour le déploiement de la Solution
Liés au contexte (cadre politique, économique, social, sécuritaire et environnemental)
Environnemental : manque d’eau au moment des constructions et nécessité de finir la construction avant la saison des pluies => risque de diminution de la productivité. Mesure : organiser au mieux les chantiers dans la saison (incitation financière pour amener les clients et les maçons à construire avant le 31 janvier)
Liés au projet (risques opérationnels et risques liés aux partenaires locaux).
Opérationnel : Risque d’un manque d’entretien des enduits traditionnels (terre, karité, chaux) pour certaines cibles (bâtiments urbains et communautaires). Mesure : présentation de solutions techniques utilisant des enduits goudron ou ciment permettant d’avoir un bâtiment avec une garantie décennale.
Opérationnel : Risque d’un manque d’autonomisation du marché : incapacité de répondre à la demande à cause d’un manque de maçons VN formés, difficulté pour le maçon à se créer son propre marché local, besoin de professionnalisation des maçons dans le marketing, Mesure : densification de l’offre : suivi individualisé des apprentis / maçons, formation dynamisée sur chantiers et en académie, modules de formation spécifiques sur l’entrepreneuriat / marketing, mesures incitatives à la construction / formation...
Opérationnel : Malfaçons. Mesure : AVN recense la quasi-totalité des bâtiments VN construits sur les territoires couverts et dresse un inventaire des sinistres, intervient en cas de besoin sur de l’arbitrage client/maçon. De plus, AVN mènera des études de satisfaction qualitative sur un échantillon de clients.
Lié aux partenaires locaux : Manque d’implication et de financements de la part des acteurs politiques. Mesure : plaidoyer auprès des acteurs politiques locaux et nationaux et des organisations internationales.
Lié aux partenaires locaux: Manque de compétences techniques, des capacités de gestion et d’engagement des partenaires locaux. Mesure : identification, formation et accompagnement des partenaires locaux, à travers le renforcement de leurs capacités.
Chiffres clés illustrant le déploiement et les résultats de cette Solution
Nombre et type de personnes bénéficiaires, réduction CO2 mesurée, gains observés, coût du déploiement, investissements réalisés...
AVN intervient au Burkina Faso, Sénégal, Mali, et plus récemment, au Bénin et au Ghana. Depuis l’ouverture du programme, plus de 65 000 m² de bâtiments ont été construits sur plus de 1 500 chantiers dans près de 700 villes et villages par 400 maçons et 300 apprentis, au bénéfice de plus de 20 000 personnes. La croissance annuelle du marché est supérieure à 30%. Le programme, tout en privilégiant son cœur de cible (les populations rurales), se tourne aussi vers les populations urbaines, attirées par les qualités de confort thermique, d'architecture et de durabilité du concept VN. Début 2015, AVN dispose de 5 équipes régionales au Burkina Faso, 4 au Mali, et 2 au Sénégal, 1 au Ghana et 1 au Bénin. Les perspectives du programme sont celles d’un déploiement du marché de la VN sur de nouvelles régions et de nouveaux pays, en se retirant progressivement des territoires acquis au concept VN.
Performances, impacts et résultats
Environnementaux
Le parc bâti en Voûte Nubienne (1 000 chantiers) construit depuis 2000 représente une économie potentielle d'émissions de CO2 de près de 55 000 tonnes : - 10 % des économies de CO2 sur la phase fabrication des matériaux, construction et entretien du bâti (Atténuation) ; - 90 % des économies de CO2 sur la phase utilisation, grâce à l'amélioration du confort thermique des occupants ce qui induit une réduction des besoins en rafraîchissement sur toute la durée de vie du bâtiment (atténuation et adaptation) ; Gestion durable de la ressource : le matériau terre crue utilisé pour la construction est une ressource locale, extraite dans des carrières à proximité des chantiers (0 à 10 km), à très faible impact carbone, non renouvelable mais en quantité extrêmement importante en Afrique de l'Ouest. L'extraction de la terre crue n'induit pas d'émissions nocives, et le transport de la terre crue jusqu'au chantier, généralement assuré au moyen de charrettes, n'induit des émissions nocives que si le transport s'effectue par camions.
Sociaux/sociétaux
- Plus de 20 000 bénéficiaires utilisent ou habitent dans des bâtiments en Voûte Nubienne adaptés au changement climatique et améliorant très sensiblement les niveaux de confort d'usage : durabilité du bâti, protection face aux intempéries (pluies, vents, etc.), confort thermique, confort acoustique, confort esthétique, confort spatial (usage du toit terrasse), etc. - Le parc bâti en Voûte Nubienne fournit un panel d'usages très diversifiés couvrant la majorité des besoins sociaux, éducatifs, agricoles, économiques, culturels (habitation, salles de classe, bâtiments de santé, bureaux, hôtels, lieux de culte, bâtiments agricoles et d'élevage, etc.). Du fait de la démographie galopante des Etats de la bande Sahélo-soudanaise (650 millions d'habitants en 2050 selon les projections démographiques) et du niveau de pauvreté des populations, ces divers besoins d'usages sont et resteront considérables pendant les prochaines décennies. - L’architecture voûte nubienne s’intègre et se confond parfaitement avec les autres maisons traditionnelles qui sont actuellement en déclin du fait de la pression sur les ressources ligneuses (bois, paille, tiges, etc.). Le fait que la technique Voûte Nubienne utilise principalement de la terre crue disponible localement constitue une réappropriation d'une « archiculture » et de savoir-faire locaux.
Economiques
- Le coût global d'un bâtiment en Voûte Nubienne est très inférieur à celui d'un bâtiment construit en technique conventionnel (murs en parpaing, toiture béton, climatisation) qui fournirait le même niveau d'adaptation (bien-être, confort thermique, acoustique, durabilité, protection aux intempéries, etc.) - Le coût d'un bâtiment en Voûte Nubienne correspond principalement à de la main d'oeuvre qualifiée et non qualifiée locale et non délocalisable (Haute Intensité de Main d'Oeuvre). La diffusion de la technique Voûte Nubienne induit la création d'emplois « verts » locaux dont les revenus correspondants sont réinjectés principalement dans les économie locales. En milieu rural, dans un marché très majoritairement informel et où l'agriculture vivrière y est très répandue, les manœuvres, apprentis et maçons travaillent à la maçonnerie Voûte Nubienne en dehors de la période de culture et de récolte. En milieu formel, les acteurs du bâtiment (entreprises BTP, maîtrises d’œuvres, etc.) sont petit à petit sensibilisés à la nécessité d'un habitat adapté et intègre progressivement le concept technique Voûte Nubienne dans leurs activités et réalisations.
Techniques
- La technique constructive est une technologie appropriée simple et aisément transmissible entre maçons qualifiés et apprentis sur des chantiers réels. 400 maçons principalement issus du monde rural se sont appropriés la technique depuis 2000 et la transmettent auprès de 300 apprentis. - La modularité de la technique VN permet des constructions évolutives dans le temps, avec la possibilité d'extension et d'étages (R+1). - Un ensemble de documents techniques, descriptifs et pédagogiques de règles et recommandations de mise en œuvre constitue un « corpus technique » partagé avec l'ensemble des maçons et apprentis, et est le socle des processus de reconnaissances normative, réglementaire et institutionnelle qui sont en train d'être initiés par AVN.
Résultats tangibles dès aujourd'hui
La croissance du marché de la construction en Voûte Nubienne est supérieure à 30 % de croissance moyenne annuelle depuis 2000. Le parc bâti est constitué d'au moins 1 500 bâtiments et ensemble de bâtiments, dans près de 700 localités au bénéfice de plus de 20 000 personnes.
Résultats tangibles à horizons moyen et long terme
Une croissance toujours soutenue du marché de 25 % sur les dix prochaines années permettraient d'atteindre en 2025 un parc bâti en voûte nubienne sobre en carbone (530 000 tonnes CO2 eq) de 20 000 bâtiments pour 200 000 bénéficiaires. Les activités envisagées par AVN pour renforcer les compétences des métiers de la filière et pour renforcer la filière « habitat adapté » aboutissent à une autonomisation du marché et une croissance endogène de ce marché. A l'horizon 2040, l'ambition de AVN est qu'une part significative (1 à 5 %) de la population de la bande Sahélo-Soudanaise (650 millions d'habitants selon les prévisions démographiques) bénéficie d'un habitat adapté au changement climatique et aux réalités économiques, sociales et culturelles locales.
-
Contact professionnel
Cécilia Rinaudo
Association la Voûte Nubienne
Directrice du Développement
-
Contact presse
Cécilia Rinaudo
Association la Voûte Nubienne
Directrice du Développement