Des alternatives aux énergies fossiles se dessinent : une technologie de rupture permet d’utiliser la matière organique issue des déchets ménagers pour produire des biocarburants et molécules plateformes pour la chimie verte. Le procédé de l’électrosynthèse microbienne appliqué aux déchets présente de précieux atouts. Focus sur le projet Biorare.
Description détaillée de la Solution
Les technologies récemment développées en alternative des énergies fossiles s’appuient sur des cultures dédiées, le colza par exemple, qui viennent en concurrence avec la production agroalimentaire. Primé par les « Investissements d’avenir » et piloté par Irstea, le projet Biorare utilise la matière organique issue des déchets ménagers pour produire des biocarburants et des molécules plateformes. Reposant sur une matière renouvelable, peu coûteuse et disponible en abondance, ce procédé présente de sérieux atouts pour l’avenir de notre planète.
Une technologie de rupture
« Le projet Biorare s’appuie sur une technologie de rupture, l’électrosynthèse microbienne », souligne Théodore Bouchez. Elle consiste en un couplage entre réactions biochimiques pilotées par des microbes et circuit électrique. Les déchets sont dégradés à l’anode. Les électrons formés, ainsi que du CO2 issu du traitement des déchets sont injectés à la cathode, où d’autres microorganismes le transforment en molécules d’intérêt pour la chimie verte, (carburants, médicaments…). Un procédé similaire avait été testé par des scientifiques américains en utilisant de l’eau à l’anode. « Notre choix s’est porté sur les déchets car ils contiennent davantage d’énergie chimique sous forme de molécules. Les utiliser permet de diminuer fortement la puissance électrique consommée par le dispositif ». En utilisant des déchets au lieu de l’eau, les chercheurs ont montré qu’on pouvait diviser par 3 la consommation électrique. De quoi rendre le procédé très attractif sur le plan économique.
Le « vivant » au cœur du procédé
Pour mener à terme leurs projets, les chercheurs ont dû lever d’importants verrous technologiques car le processus est plus délicat à mettre en œuvre qu’avec de l’eau et demande un vrai pilotage. Il s’agit en particulier de réguler le flux d’électrons afin de coordonner l’activité de la bioanode avec celle de la biocathode. « Nous avons réussi à identifier les paramètres clés à contrôler et à proposer une solution technologique robuste qui permet de faire fonctionner ensemble les deux électrodes biotiques». Les travaux de synchronisation de l’activité microbienne à l’anode et à la cathode ont fait l’objet d’un brevet qui vient d’être déposé et une publication est en préparation. Les résultats, très prometteurs, constituent un pas important pour faire sortir cette toute jeune technologie du laboratoire. Toutefois, aujourd’hui, les molécules qu’on peut obtenir en routine sont essentiellement des molécules organiques simples (acides carboxyliques), il reste encore à optimiser les procédures de production pour produire d’autres types de molécules (alcools, cétones…).
Date de lancement
Projet en cours avec première expérimentation depuisProjet en cours 2011-2016
Partenaires de la solution
INRA-LBE
CNRS-LGC
Suez-Environnement.
Performances, impacts et résultats
Environnementaux
Réduction des gaz à effet de serre
Economiques
Réduction de la consommation de la puissance électrique
Résultats tangibles à horizons moyen et long terme
Coupler ce dispositif à une installation de méthanisation des déchets, productrice d’énergie : des déchets, de l’électricité et du CO2 fournis en direct. Une seule et même filière, optimisée au maximum.
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Contact professionnel
Théodore Bouchez
Irstea
Chercheur, équipe Biomic
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Contact presse
Cécile Bittoun
Irstea
Responsable des relations médias